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Michel TETARD et Patrick BOURDEAUX

Dans les années 40, Mado MAURIN, est déjà une comédienne de théâtre et d’opérettes.

 

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D’un premier mariage avec un jeune ténor,

Pierre-Marie BOURDEAUX,

 

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elle a eu deux enfants, d’abord JEAN-PIERRE,

puis YVES-MARIE.

 

Et toi petit enfant, PATRICK

 Tu es né un matin de janvier, en même temps que tombait le premier flocon de neige. C’était en Bretagne, et la neige y est très rare. Pourquoi pour t’accueillir ce premier signe du ciel ?

La neige continuait, habillant le paysage d’un linceul immaculé.

Ton berceau était tout près de moi, et je n’arrivais pas à me pencher sur ton petit visage tout neuf, bien innocent des larmes versées par ta maman. J’appréhendais et j’espérais en même temps retrouver ce regard, les grands yeux noirs de celui qui n’était pas là, qui ne serait jamais là. Non, je n’osais pas te regarder encore, mon cher petit inconnu sorti de moi. Tu étais tout ce qui me restait d’un grand amour, d’une terrible passion qui s’était abattue dans ma vie et n’avait duré qu’une année entre deux lundis de Pentecôte.

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Michel TETARD, cet homme qui ne fut ton papa que de sang ne voulut jamais croire à sa paternité (et pourtant la ressemblance est frappante !!!). Je ne devais plus jamais le revoir.

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Nous étions seuls tous deux ce matin-là.

C’était un dimanche. Toute la nuit, j’avais préparé dans ma loge les costumes des Mousquetaires au couvent, dans ce joli petit Théâtre de Saint-Brieuc dont j’étais la directrice.

Je m’arrêtais de temps en temps quand les douleurs devenaient trop aiguës.

Je m’étais distribué le rôle de la Mère supérieure (le costume dissimulait facilement mes rondeurs).

Une autre comédienne a joué à ma place.

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La salle était comble. Deux petits garçons dans une loge d’avant-scène avaient crié très fort, avant que le spectacle commence : “ On a un petit frère ! ” Et le public avait éclaté en applaudissements. Oui, mon chéri, dès ton premier jour tu as été salué dans un théâtre par un tonnerre d’applaudissements.

Ce public anonyme, c’était un peu notre famille. Ils aimaient leur jeune directrice, et me donnaient de vraies marques d’affection.

 Ce jour-là, tu as été adopté par plein de papas inconnus.

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Mes deux petits bonshommes *, Jean-Pierre et Yves-Marie, six ans et trois ans, eux, ils étaient seulement tout joyeux d’avoir un petit frère et de faire applaudir leur maman. Ils ne se souciaient pas d’autre chose.

* Mado, séparée de son premier mari, vivait seule avec ses deux enfants.

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PATRICK MON FILS

 Je les revois, à la clinique, les lendemains, juchés sur mon lit, t’admirant gravement, comme des frères aînés conscients de leur supériorité.

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Quand vint le moment de la première tétée, la glace fut rompue entre nous. Nous nous sommes retrouvés. Ce soir-là, tel un oiseau qui reçoit sa becquée, ta petite bouche collée à mon sein aspirait la vie que je continuais à te donner.

Mon bébé chéri, mon petit orphelin, quel serait ton avenir?

Je n’imaginais pas encore que ma douloureuse gestation aurait peut-être une néfaste influence sur ta destinée. Et pourtant !…

Savons-nous, quand nous donnons la vie, que dès la première seconde nous sommes responsables du bonheur ou du malheur de cet être créé par notre amour, que ce soit l’amour d’un jour ou l’amour d’une vie. Quand le fruit d’un amour naît au creux d’une chair, lorsque le père refuse, que la mère se débat, pleure, se désespère, c’est sa première rupture. Pauvre petit enfant, il te faut pardonner à ce père qui t’a tué avant de te faire vivre. Par sa faute, et par la mienne aussi, tu porteras comme une blessure, tout au long de ta courte vie, le poids de cette faute… qui peut-être te fera mourir ?

Je t’ai donné la vie mon chéri, mais je ne savais pas qu’un jour je devrais te mettre au monde une seconde fois pour une autre naissance. Oui, nous étions seuls tous deux ce matin-là…

Mais la Providence veille. Et la vie continue.

Cette vie qui n’est que suite de douleurs et de joies, de morts et de résurrections.

 Rencontre de Georges PIERSON (nom de scène)

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Tu avais sept mois. Nommée directrice du Théâtre de Calais, je préparais ma saison d’hiver, et signais les contrats d’engagement.

Grave, distingué, il était assis dans l’antichambre, attendant patiemment le contrat qui allait, croyait-il, le lier pour une saison à un théâtre du Nord de la France. Mais qui, en réalité, allait le lier pour toute sa vie. A côté, dans la chambre, un bébé pleurait, hurlait, criant sa solitude.

« Madame, je m’excuse, vous avez un bébé qui pleure ! me permettriez-vous de le consoler un peu ? Vous savez, j’ai l’habitude des enfants, je suis d’une famille nombreuse. »

Ce fut accepté avec joie !

Pour la première fois, les bras d’un homme prirent l’enfant,

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